Aspirée par l’embouchure, la pirogue filait vers l’océan.

Coïncidence. — La coque est percée, j’abandonne le gouvernail.

Arrivée sur la plage.

Coïncidence. — Ton ombre a disparu !

Gnomon. — Elle a dû rester dans l’eau.

Coïncidence. — J’ai une impression curieuse… je me sens... creuse... Où allons-nous maintenant ?

Gnomon. — Sans mon ombre, j’ai perdu mon sens de l’orientation.

Coïncidence. — Là-bas… Regarde !

Le navire semblait déserté. Seul, un petit homme couvert d’un burnous somnolait à l’abri d’un amas de ferraille rongée par le sel. Il portait le nom de Pindare, son père était l’ancien capitaine. Il avait la barbe en broussaille, sa joue était gonflée par une grosse chique d’une bouille verdâtre.

Coïncidence. — La rouille est l’ennemie du fer.

Pindare. — Le dur du corps, c’est l’os.

Coïncidence. — Moi, je me sens creuse.

Pindare. — C’est la faute du vent, il emporte tout, si tu veux poursuivre ta route, il te faudra un peu de cette tendre Delphia. Il lui tendit une poignée de feuilles.

Gnomon et Coïncidence s’éloignaient, c’était un soir de pleine lune.

Coïncidence. — Gnomon ton ombre est de retour.

Gnomon. — Elle va bientôt me réclamer son repas.

Gnomon et Coïncidence

Nativitas Corpus

Prépare tes clochettes - C'est le premier pas

Dimensions in Time

C'était une découverte inespérée. Considérée jusqu'ici comme perdue, la bobine portant la date du 15 janvier 1949 avait été découverte dans les décombres de l’International Imago. Il s’agissait d’une superproduction, un space opera intitulé : Dimensions in Time. Malheureusement il ne restait seulement de ce film qu’une dizaine de minutes exploitables. Dans une boîte métallique on retrouva une vingtaine de photogrammes en très bon état ainsi que le synopsis du film.

La guerre durait depuis des siècles, après un dernier combat contre le peuple Den, le roi dut se résigner au grand départ. Rien désormais n’empêcherait le désastre de se produire, l’astre serait dévasté. Dans un discours alarmant il informa la population : le départ était imminent... il fallait partir au plus vite !

Tous se dirigèrent vers l’Arche. Le vaisseau était gigantesque, il avait la taille d’une ville. Sa construction avait commencé sous Mathusalem pour s’achever sous le règne de Lamek. En colonne, les femmes et les enfants, les guerriers et leurs animaux sacrés entrèrent par l’aspirateur ventral de la nef puis l’Arche prit son envol en direction de la terre. Au loin, on distinguait les armes taboues et la lune disparut dans un nuage aux couleurs de l’arc-en-ciel.

Une vie au delà du néant

Marinetti torna nel suo paese

Un homme explore un "no man's land" où semble-t-il, la nature a repris ses droits.

L'homme est en fait Filippo Tommaso Marinetti, initiateur du Manifeste futurisme. Tel un personnage de film muet, il se déplace de façon curieuse dans un mouvement accéléré. Coiffé d'un chapeau melon, Filippo semble en errance. De cette errance, lui parviennent les illusions de sa vie passée semblable au vacarme d'une machine à vapeur. Mais les machines du passé ne sont désormais plus que ruines. Toujours en quête, il découvre l'énorme tour des ondes, grand totem d'un ordre futur. Comme surgie du passé, une hélice lui fait face, son mouvement rotatif ne produit plus sur lui ce désir d'action.

Le mouvement aurait-il changé de nature ?

La course d'un cheval sauvage l'émeut désormais bien plus que celle des machines.

Cycles - Elixir

La carte des souffles indiquait les trajets - La circulation se faisait suivant les marées. Le flux parcourait les vaisseaux - Venant du dehors un fluide traversait le passage. L’hélice s’anima.

C’était l’ouverture [invisible] nommée « le ventre du poisson ». Ainsi ((( par des portes similaires ))) l’énergie irriguerait le corps tout entier.